Arts martiaux chinois / Wushu / Kung fu / Art martial chinois

Les arts martiaux chinois, popularisés sous le nom de kung-fu ou boxes chinoises, aussi désignés en français par wushu, sont constitués des centaines de styles différents de combat à main nue ou armé, qui ont été développés en Chine au fil des siècles.



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Art martial chinois - Culture chinoise

Démonstration d'une forme externe de Shaolinquan, au monastère de Daxiangguo à Kaifeng, Henan.

Les arts martiaux chinois, popularisés sous le nom de kung-fu ou boxes chinoises, aussi désignés en français par wushu, sont constitués des centaines de styles différents de combat à main nue ou armé, qui ont été développés en Chine au fil des siècles.

Sinogrammes gōngfu

Kung-fu est en Occident le nom le plus souvent donné aux arts martiaux chinois externes comme internes, quoiqu'on utilise rarement ce terme pour désigner le taiji.

Ce terme a été introduit en Europe dans les années 1970 pour désigner les films chinois d'arts martiaux. Ce mot sonnait mieux d'un point de vue phonétique et mnémotechnique à l'oreille des Occidentaux. Les termes «gong» et «fu» traduits littéralement et scindément ont une toute autre signification que "arts martiaux" chinois. «gong» sert à désigner la «maîtrise», le «peaufinement» ou la «possession d'un métier». Le terme est à rapprocher d'un point de vue sémantique de la notion d'artisan tel qu'il était usité en Europe au XIXe siècle : ce terme désignait l'homme de métier qui par un apprentissage auprès d'un maître acquérait cultures, techniques et savoir-faire. «Fu» sert à désigner les techniques comme contenu. On peut ainsi dire de quelqu'un qu'il possède le «gong fu» en gastronomie, le «gong fu» en peinture, ou le «gong fu» en musique, etc. On nomme aussi «gongfu cha» (???, gōngfuchá) pour désigner l'art du thé.

Les arts martiaux chinois sont quelquefois désignés en Occident par «boxes chinoises». En raison d'une ressemblance des styles externes avec les boxes pratiquées en Occident. Ce terme a ainsi été repris pour désigner les initiateurs de la Révolte des Boxers (1899-1901).

En Chine, les termes ?? (pinyin : Quánfǎ, «boxe») ou ? (Quán, «poing, style de boxe») sont utilisés pour désigner de nombreux styles des arts martiaux chinois.

Sinogrammes Wǔshù

En Chine, le terme Wushu correspond le mieux à l'expression française «art martial». L'examen des caractères qui le composent montre que ce terme avait un sens plus général :

  • (?)  : le sinogramme ancien (pictogramme) représente le radical "stopper" sous une «hallebarde». L'idée est celle de l'arme du gardien, le pictogramme a le sens d'un talisman protecteur à l'entrée de la «maison». Il empêche voleur et démon de pénétrer et de porter atteinte aux biens ou à l'intégrité physique des habitants (agression, maladie). L'idéogramme a pris un sens plus général, il sert à désigner ce qui a trait à la guerre, au combat. L'adjectif français "martial" est une traduction particulièrement appropriée.
  • shù (?)  : les moyens nécessaires relèvent de l'idéogramme Shu, les savoirs-faire, les connaissances multiples (médecine, art du combat, art de la guerre, techniques des armes, diplomatie, etc. ). Ici, le terme «art» est à comprendre dans son sens ancien : celui (l'artisan) qui par un apprentissage long et rigoureux possède un métier.
  • Ainsi, ?? est en français traduit littéralement par "arts martiaux".

Dans les langues chinoises, plusieurs autres termes désignent aussi les arts martiaux chinois. Surtout «zhongguo gongfu» (???? zhōngguó gōngfū) pour désigner les arts martiaux nationaux.

Mais wushu sert à désigner aussi un sport de combat, règlementé en 1949 en République Populaire de Chine.

D'après Kang Gewu dans son ouvrage «Recueil pratique des arts martiaux chinois»[1], le terme de «wushu» apparaît pour la première fois au cours de la dynastie Liang de la période Nanbei (502-557), dans le recueil des textes de Xiao Tong (501-531), qui n'est autre que le fils aîné de l'empereur Liang Wudi, Xiao Yan. Le terme y sert à désigner les techniques militaires généralement qui étaient jusque là appelées «techniques de combat» (jiji) et «arts guerriers» (wuyi). La notion de techniques militaires est comprise comme moyen de préserver un royaume, de préserver la dynastie et de préserver l'intégrité physique du dirigeant.

Le terme «wushu» fut peu usité pendant l'antiquité chinoise, il ne s'est vraiment répandu qu'à la fin de la dynastie Qing et après l'avènement de la République de Chine en 1911. En 1915, Ma Liang édite son fameux manuel d'entraînement qu'il appelle «Les nouveaux arts martiaux chinois»[2]. À partir de cette époque, le terme «wushu» perd de son sens de techniques de préservations à caractère militaire pour désigner plutôt un type d'activité sportive respectant les traditions. Ce changement prend en considération l'apport de la conception occidentale du sport (hygiène physique et rationalité anatomo-physiologique) et les conceptions médicales respectant les traditions chinoises. La définition usitée de wushu dans les manuels devient alors : manière de pratiquer et d'utiliser les arts de combat, les pratiques et techniques afférentes (gymnastiques, hygiène sportive, etc. ) et les enchaînements codifiés esthétiques ou gymniques.

Styles du Nord et styles du Sud

Style externes et styles internes

Cette distinction a été construite en Chine à la fin du XIXe siècle et s'inscrit en général dans la confrontation entre les conceptions occidentales du corps (médical, anthropologique, biomécanique, etc. ) et les conceptions énergétiques (taoïste et bouddhiste) de la médecine chinoise respectant les traditions.

En Europe, cette distinction interne/externe consiste à considérer que les styles externes utilisent la force physique et la vitesse comme principes d'entraînement et les styles internes la maîtrise de la respiration, la décontraction et la lenteur pour guider l'énergie (Qi). Cette conception repose sur une connaissance des styles internes qui s'arrête au Taiji style yang popularisé en Chine après 1956 (Taiji à fonction thérapeutique), à l'ignorance des autres styles internes tels que Shunshi quan, xingyi quan, Bagua zhang, liuhebafa quan, ainsi qu'aux dimensions martiales de ces styles. Cette conception erronée repose aussi sur la méconnaissance des Qi gong propres à chaque style Externe. La popularité de cette distinction est probablement à rapprocher du désir d'intellectualiser une pratique corporelle par des notions n'appartenant pas aux domaines scientifiques mais aux domaines médico-religieux.

L'examen des applications martiales des styles internes et des styles externes montrent que les principes de base sont semblables et que seules les pratiques changent. Nous avons par commodité conservé cette distinction même si, pour les enseignants chinois des styles respectant les traditions, elle n'a aucun sens.

Les arts martiaux chinois ont aussi été influencés par les diverses religions de Chine. De nombreux styles ont été fondés par des groupes de pratiquants influencés par une des trois principales religions de Chine : bouddhisme, taoïsme et islam.

  • styles bouddhistes
  • styles shaolin
  • styles taoïstes
  • styles musulmans (Hui)

Styles respectant les traditions et pratiques sportives

Pour consulter la liste des styles, voir Liste des arts martiaux chinois.

Il existe d'innombrables styles d'arts martiaux chinois (énormément ne sont pas encore répertoriés). Par commodité, depuis la fin du XIXe siècle, on les classe en «voie Externe» (waijia), et «voie Interne» (neijia).

La conception la plus simpliste en Europe consiste à considérer que les styles externes utilisent la force physique et la vitesse comme principes d'entraînement et les styles internes la maîtrise de la respiration (dont le principe est inversé comparé aux styles externes), la décontraction pour guider l'énergie (Ki), la lenteur pour la justesse de l'apprentissage (comme cela se pratique en apprentissage musical). Cette conception repose d'une part sur une connaissance des styles internes qui s'arrête au Taijiquan, style Yang ou Chen popularisé en Chine après 1956 (Taijiquan à fonction thérapeutique), d'autre part à l'ignorance des autres styles internes Shunshi quan , xingyi quan, Bagua zhang ou liuhebafa quan . Cette conception erronée repose aussi sur la méconnaissance des qi gong propres à chaque style externe . La popularité de cette distinction est probablement à rapprocher du désir d'intellectualiser une pratique corporelle par des notions n'appartenant pas aux domaines scientifiques mais aux domaines médico-religieux.

La distinction entre interne et externe n'est pas reconnue en Chine par certains maîtres et écoles des styles respectant les traditions.

Les styles se sont fabriqués sur des centaines d'années, certains ont disparu (pao quan, fan quan, etc. ) et se retrouvent comme dispositifs incorporés dans des styles plus récents. Des styles anciens se sont modifiés pour s'adapter à la confrontation avec les autres styles, d'autres se sont créés récemment tout au long du XXe siècle sous l'impulsion des instituts et académies des sports. La majorité des styles actuels sont des styles de synthèse. C'est pourquoi dans la désignation des styles nous indiquons le terme générique qui sert à désigner la totalité des styles apparentés (par exemple tang lang quan)  ; et ensuite le nom singulier du style (taiji tanglang quan, meiha tanglang quan, etc. )

Plusieurs composantes sont à l'œuvre dans la construction et l'élaboration des styles :

  1. Le pragmatisme : les styles sont confrontés à leur efficacité en combat singulier (rencontre, compétition) et sur les champs de bataille. Autres paramètres : l'âge du pratiquant (qu'est-ce que l'efficacité d'un style qu'on ne peut plus pratiquer après 30 ans ?), les capacités physiques, le climat, la santé, etc,
  2. Les cosmologies diverses, qui construisent une entité abstraite et réductrice : la «Pensée Chinoise». Taoïsme, Bouddhisme, Chamanisme Totemisme et Confucianisme ont mêlé leurs cosmologies et leurs pratiques à celles des arts martiaux. En ce sens, de nombreux styles se positionnent au moins tout autant comme des arts d'amélioration de soi, que comme des arts visant l'efficacité martiale.
  3. Les pratiques : d'art de combat élaborées sur les champs de batailles qui de techniques d'armes, de procédés à main nue ou de techniques de corps à corps (lutte) se sont agglutinées aux styles.

La pratique du wu shu gong fu est particulièrement diversifiée, un style contient des enchainements à mains nues et avec armes (tao lu), des exercices de Qi gong, des exercices d'assouplissements, des éducatifs variés, des textes ou chants utilisés comme moyens mnémotechniques, des qi na (techniques de saisies, de clés et de projections), des enchainements à deux (à mains nues ou avec armes), des techniques de combat (sanda) et en particulier une conception de sa spécificité (gestion de la force, de l'intention, etc. ) qui le différencie des autres styles.

Techniques communes aux divers styles

Note : Les postures décrites ci-dessous sont pratiquées dans plusieurs styles enseignés en Europe. Il est cependant envisageable qu'il existe des variantes d'une école à l'autre, tant dans le nom de la posture, que dans la posture elle-même. Aussi les noms et descriptions des positions suivantes ne sont-ils présentés qu'à titre indicatif.

  • Le Cavalier (Ma Bu - position associée à l'élément de la Terre)  : jambes écartées de part et d'autre du corps, pieds parallèles, genoux pliés, buste vers l'avant. 50 % du poids repose sur chaque pied. Le bassin ne doit pas basculer vers l'arrière. C'est la position la plus stable.
  • Le Pas en arc, ou Arc et Flèche (Gong Bu - position associée à l'élément du Bois)  : jambe avant pliée, jambe arrière tendue, buste vers l'avant. Suivant les styles, l'angle des pieds comparé aux jambes peut changer. 70 % du poids repose sur la jambe avant. Position offensive, qui sert à frapper du pied et du poing rapidement.
  • Tim Bu (position associée à l'élément du Feu)  : posture sur une jambe, pointe du pied avant tendue, un peu au dessus du sol buste central. 100 % du poids repose sur la jambe arrière. Cette position sert à frapper du pied avant particulièrement rapidement.
  • Le Héron (Ti Xi)  : posture sur une jambe, genou relevé haut, pointe du pied tendue, buste vers l'avant ou de trois quarts. 100 % du poids repose sur la jambe arrière. Cette position sert à frapper du pied particulièrement rapidement.
  • La Chèvre (Jorma Bu ou le Yi jee ki yum ma - position associée à l'élément Métal)  : position typique du Wing Chun et des autres styles métal. Les pieds sont écartés de la largeur des épaules), les genoux et les pieds un peu rentrés vers l'intérieur. Position stable, servant à mobiliser rapidement bras et jambes en corps à corps et offrant une protection du corps grâce à une attitude en «fermeture». Cette posture est nommée ainsi parce que le pratiquant est supposé pouvoir retenir une chèvre entre ses cuisses.
  • Le Tao Bu (associé à l'élément de l'Eau) pas d'esquive sur le côté, la jambe du côté de l'esquive passe au dessus de l'autre jambe et «l'œil du pied» (l'intérieur du pied) se dirige à 45° vers l'extérieur. Le poids repose entièrement sur la jambe qui se pose. C'est une position fréquente dans le style respectant les traditions du Cobra par exemple.
  • Le Pas rasant (Pu Bu)  : la jambe avant est tendue, la jambe arrière pliée. Le buste est tourné de 90° comparé à la position Gong Bu. 70 % du poids repose sur la jambe arrière. Position défensive et d'esquive.
  • Le Pas vide (Xu Bu)  : la jambe arrière est pliée (le pied, le nombril et la tête forment une ligne), la jambe avant est un peu posée sur la pointe. Le buste est tourné vers l'avant. 80 % du poids sur la jambe arrière. Position servant à frapper rapidement du pied, d'esquiver ou de se replier.
  • Le Dragon (Sie Bu) ou Pas Assis : jambe avant un peu pliée, pied tourné à 90°, jambe arrière un peu pliée, pied sur la pointe. Le buste est effacé de trois-quart. Le genou arrière doit être précisément au-dessus du talon avant. 80 % du poids repose sur la jambe avant. Position d'attaque, permettant d'armer un coup de pied, ou de changer d'axe.
  • Le Tigre (Kwai Bu)  : position de renforcement des jambes et des abdominaux, jambe avant pliée comme gong bu, genou de la jambe arrière rasant le sol au droit du pied de la jambe avant, sans toucher le sol, appui avec la pointe du pied ou tranchant du pied sur le sol.

Un entraînement fréquemment pratiqué consiste à marcher en passant d'une posture à l'autre, les jambes d'appui fléchies au maximum.

Il existe d'autres postures, mais elles sont soit utilisées comme exercice de musculation, soit spécifiques à certains styles.

  • L'intérêt de la posture est multiple :
    • Renforcer les muscles, os et articulations des jambes (et même le reste du corps) pour frapper et d'être frappé sans blessure.
    • Permettre des déplacements rapides dans l'ensemble des directions, en exposant au minimum ses points vitaux.
    • Mettre le corps dans des positions optimales pour enchaîner les techniques offensives et défensives.
    • Forger la volonté en tenant longtemps la même posture.

Comme dans l'ensemble des arts martiaux, la respiration est essentielle dans le wushu. Suivant les écoles ou philosophies (bouddhiste ou taoïste par exemple), les façons de respirer peuvent être différentes, mais toutes s'accordent cependant sur l'importance de la respiration ventrale et sur l'importance de souffler en frappant et en bloquant (pouvant différer des théories de certains arts internes). Certaines écoles insistent sur l'importance, en combat, d'écouter la respiration de l'adversaire, pour le frapper quand il inspire. Ces mêmes styles recommandent aux combattants de masquer leur propre respiration. D'autres styles au contraire insistent sur l'importance de libérer son Qi avec le plus de violence et par conséquent de bruit envisageable, à l'instar du karate.

Certains exercices de respiration permettent en outre aux pratiquants de renforcer leurs organes internes (poumons, cœur, etc. ).

Comme nous l'avons vu plus haut, le wushu est un art martial externe qui considère le corps comme un solide. L'objectif principal du coup est par conséquent de briser ce solide. Pour se faire, le pratiquant devra durcir les zones de frappe de son corps, mais également durcir ses points faibles en prévision des coups qu'il recevra. Pour cela, la majorité des styles dispose de techniques de renforcement prenant des noms divers dans leur application, comme la «chemise de fer». Ces méthodes de renforcement et de revitalisation interne sont nommées Qi Gong, c'est-à-dire travail sur le souffle, l'énergie vitale.

Le coup est surtout porté de la main (ouverte ou fermée) ou du pied. Un coup de poing pour être efficace doit être lancé par un mouvement de rotation de jambes. Le pied, puis la hanche tournent, donnant de la vitesse et par conséquent de la puissance au bras qui terminera le mouvement. Le coup de poing «de base» des boxes chinoises est nommé le Ming chuen, c'est-à-dire le «poing clarté». Le caractère Ming est constitué des idéogrammes «lune» et «soleil» ; en effet le Ming chuen est un direct lancé poing fermé, paume vers le haut et finit poing fermé paume vers le bas. On l'appelle aussi «coup de poing vrillé». Ainsi le poing passe à travers l'ensemble des positions de mains depuis la frappe basse au bas-ventre jusqu'à la frappe haute au visage en passant par la frappe courte (Jik chuen : coup de poing talon, énormément utilisé en Wing Chun) modifiable en uppercut avec l'avancée du poing. Ce simple basique contient presque toute la complexité des arts du poing de Chine. On peut distinguer plusieurs type de frappes de mains :

  • le poing simple (associé au Feu)
  • l'«œil du phœnix» (wa lin quan), poing fermé, frappe avec la seconde phalange de l'index en avant soutenue par le pouce. Pour les frappes précises, demande une certaine maîtrise.
  • la «patte de léopard» (shang zao), paume ouverte, pouce fermé et les deux premières phalanges de la main fermées. Utile pour les piques, les paumes et les saisies (associées au Bois).
  • la griffe du Tigre (hu zao), paumes en avant, doigts crispés pour saisir et griffer (élément Bois).
  • la paume (tui zhang - associé a la Terre).
  • le tranchant (xie tui zhang - associé au Métal).
  • la pique (associé a l'Eau).
  • le poignet (liao yin shao), avec la main repliée (boxe de l'homme ivre, singe, mante, etc. )
  • et d'autres plus spécialisés toujours…

Le wushu est reconnu pour ses coups de pieds complexes et spectaculaires, quoique l'ensemble des styles n'exploitent pas toutes ces techniques. Contrairement au karaté, qui se pratique exclusivement pieds nus, le pratiquant de kung fu peut porter des chaussures. Les coups se portent par conséquent plus avec la plante du pied, la tranche ou le talon qu'avec le bol du pied.

Les frappes des autres parties du corps

En wushu on peut aussi frapper avec les coudes, genoux, doigts, tête, postérieur, toutes articulations et même mordre. Ces techniques s'apprennent mais ne doivent servir qu'en cas de stricte obligation. C'est le principe originel de l'art martial.

Démonstration à la lance

La Chine est un pays où les guerres ne se sont arrêtées que pour laisser la place aux rébellions. Il est par conséquent logique que les armes les plus diverses soient apparues dans ce pays, et ce bien avant l'invention du wushu. On peut distinguer deux grandes catégories d'armes : les armes qui ont été conçues comme moyen de tuer (épée, pieu ou lance, etc. ) et les armes qui sont un détournement d'un usage de travail (outils agricoles, outils de chasse, outils d'artisans, etc. ). On peut distinguer aussi les armes courtes adaptées au combat rapproché ou combat de mêlée (épée, sabre, poignard, etc. ), les armes longues adaptées au combat à distance (fantassin contre cavalier par exemple : lance, hallebarde, etc. ) et les armes de jet.

Certaines écoles de wushu utilisent une nomenclature dans laquelle serait recensée dix-huit armes classiques, d'autres affirment qu'il y aurait 108 armes respectant les traditions. Des chiffres qui ne se référent qu'à leur dimension symbolique mais pris au sérieux par des pratiquants peu au fait des constructions imagées de la «pensée chinoise».

  • Mao : lance, avec ou sans crocs ;
  • Chui : masse d'armes qu'il était envisageable de lancer ;
  • Gong : arc ;
  • Nu : arbalète (très ancienne en Chine)  ;
  • Chong : vouge ou fauchard (lance équipée d'une longue lame)  ;
  • Bian : épée à lame particulièrement souple et ondulée, utilisable comme un fouet d'acier. Peut-être équipée de sections ;
  • Jian : épée, utilisée plus essentiellement pour les coups d'estoc, par opposition au sabre (dao) qui se concentre sur les coups de taille ;
  • Dao : sabre à une main ;
  • Gun : bâton, fréquemment plus fin à une extrémité qu'à l'autre ;
  • Lian : chaîne lestée ;
  • Yue : guisarme. Hache garnie d'une pointe ;
  • Ge : lance courte ;
  • Ji : hallebarde ;
  • Pai : bouclier ;
  • Bang : bâton d'arme, ferré ;
  • Qiang : fourche de guerre ;
  • Pa : râteau équipé de lames acérées ;

Remarque linguistique : il existe énormément de noms différents pour une même arme, à cause de la richesse linguistique de la Chine.

Il existe évidemment toute une foule d'armes plus ou moins exotiques, plus ou moins improvisées par un peuple cherchant à se défendre avec les outils ou objets du quotidien. En voici une liste non exhaustive :

  • la lance ;
  • la hallebarde (lance servant à piquer et de trancher)  ;
  • la masse ;
  • le sabre chaîné (sabre manié par une chaîne fixée à sa poignée)  ;
  • les sabres jumeaux (deux dans le même fourreau)  ;
  • les couteaux papillons (deux courts sabres, utilisés pour le Wing Chun, à ne pas confondre avec les couteaux papillons philippins)  ;
  • le bourdon (gros bâton lesté, particulièrement apprécié par les moines de jadis)  ;
  • le tabouret ou le banc ;
  • l'épée des taoïstes dont la pointe seule était aiguisée pour fatiguer l'adversaire par perte de sang, sans avoir à le tuer ;
  • la chaîne (à maillons, à section, lestée ou non)  ;
  • l'éventail (généralement en fer ou en bambou)  ;
  • le bâton à trois manches ou tribaton ;
  • les crochets du tigre ;
  • les aiguilles de lancé ;
  • les armes de jet particulièrement variées.

L'apprentissage et le choix des armes dépendaient du style enseigné et de l'école (crochet du Tang lang quan, bâton du Shaolin quan, demi-lunes du Bagua quan, etc. ) mais également du statut social du pratiquant : épée pour l'aristocratie, sabre pour le juge et le militaire, lance pour le fantassin, bâton pour le moine. Certaines armes étaient spécifiques à une corporation : marteau long du forgeron, rame du batelier.

Certains styles ont des armes spécifiques qui sont leurs spécialités : crochets courts du tang lang quan, éventail du taiji quan, demi-lunes du Bagua quan, couteaux papillons du Wing chun, bâton du Shaolin quan, épée du Chang quan, etc.

Quels que soient les styles enseignés, certaines armes sont communes à tous et reconnues comme bases servant à maîtriser la totalité des armes :

  • le bâton long ;
  • l'épée ;
  • le sabre.

Les techniques d'armes (bâton, épée, sabre, hallebarde, etc. ) sont communes avec leurs spécificités aux boxes externes comme internes.

Dynastie Zhou (XIe siècle – 256 BC)  : une sorte de lutte nommée «jiaoli» était reconnue comme un sport militaire tout comme le tire à l'arc et les courses de chariots.

La période des Royaumes Combattants (475 – 221 BC)  : elle a été la source de nombreuses stratégies révélant l'importance du wushu pour construire une armée forte. En référence à l'œuvre de Sun Zi, le premier ouvrage chinois sur l'art de la guerre : «la lutte et les exercices de combat renforcent les capacités physiques des soldats». Parmi les maîtres en épée à l'époque, les femmes n'étaient pas rares. L'une d'elles, Yuenü, fut invitée par l'empereur Goujian pour démontrer ses techniques d'épée, reconnues de très haut niveau pendant de nombreuses générations.

Dynastie Qin (221 - 206 BC et Han (206 BC – 220 AD)  : elles ont vu croître des arts martiaux tels que le shoubo, le jiaoli (lutte), et le jiaodi dont les participants s'affrontaient avec des cornes sur la tête. D'autre part, il existait une danse théâtrale qui mettaient en scène des mouvements préarrangés avec des armes de toutes sortes, comme les sabres et les lances, à l'image des figures de wushu actuelles.

Dynastie Jin (265-439) et les dynasties du Nord et du Sud (420-581)  : le wushu se chargea d'une influence Bouddhiste et Taoïste. Ge Hong (284-364), un célèbre médecin et philosophe taoïste, ajouta au wushu le qigong (exercices respiratoires), une branche principale de la médecine respectant les traditions chinoise. Ses théories de «travail externe et interne» du wushu sont toujours universellement reconnues aujourd'hui.

Dynastie Tang (618 - 907)  : leur dispositif d'examen a beaucoup contribué au développement du wushu. En effet, les officiers et soldats devaient passer des tests d'arts martiaux pour être promus. Des titres d'honneur tels que «guerrier du courage» ou encore «guerrier de l'agilité» étaient attribués aux maîtres en wushu.

Dynastie Song (960 – 1279)  : elle a vu apparaître une grande variété d'écoles de wushu. Pendant cette période, des athlètes effectuaient des acrobaties dans les rues, avec un répertoire allant de «l'épée contre le bouclier» à la «lance contre le bouclier», et des démonstrations avec d'autres armes. À en croire une chronique de la ville de Kaifeng, ces spectacles de rue «attiraient des foules immenses l'ensemble des jours, en été ou en hiver, qu'il pleuve ou qu'il vente».

Dynastie Ming (1368 – 1644)  : le wushu prospéra comme jamais jusque là. Qi Jiguang, un général particulièrement connu, retranscrit dans un ouvrage seize styles différents d'exercices à mains nues et quarante autres styles de lance et de bâton, chacun accompagné d'explications et d'illustrations détaillées. Il développa aussi une série de théories et de méthodes d'entraînement, apportant ainsi une large contribution au wushu.

Au cours de la dynastie Qing (1644 – 1911), malgré les ordres impériaux interdisant la pratique populaire du wushu, des écoles et des groupes secrets apparurent les uns après les autres pour répandre ce sport. C'est pendant cette période que les écoles de TaiJi, Pigua et «des huit-diagrammes» naquirent.

Quelques pratiquants célèbres des arts martiaux chinois :

  • Yue Fei (1103–1142), général chinois de la Dynastie Song. Des styles tels que le Ying Zhua Pai et Xing Yi Quan attribue leur création à Yue, quoiqu'il n'existe pas de preuve historique.
  • Ng Mui (fin du XVIIe), fondatrice légendaire de plusieurs styles du Sud, tels que le Wing Chun, le style du Dragon, ou la Grue Blanche du Fujan. Elle est fréquemment reconnue comme l'un des "Cinq Moines" légendaires qui auraient survécus à la destruction du Temple Shaolin, durant la Dynastie Qing.
  • Yang Luchan (1799–1872), important maitre d'un art interne dénommé Tai Chi Chuan au XIXème siècle. Yang est ainsi connu comme le fondateur du style Yang (Tai Chi), et comme un enseignant des styles Wu/Hao, Wu et Sun.
  • Les Dix Tigres de Canton (fin du XIXe), un groupe de dix maitres d'arts martiaux du Guangdong, à la fin de Dynastie Qing.
  • Wong Fei Hung (1847–1924), héro chinois de la période républicaine. Plus de cent films ont été réalisés à Hong Kong sur sa vie.
  • Huo Yuanjia (1867–1910), fondateur de la Chin Woo Athletic Association, célèbre pour ses combats contre des étrangers.
  • Yip Man (1893–1972), pratiquant du Wing Chun et premier maitre à enseigner son style à un large public. Il a été le maitre de Bruce Lee. Une majorité des branches actuelles du Wing Chun s'en réclame.
  • Bruce Lee (1940–1973), pratiquant sino-américain et acteur. Le plus souvent reconnu comme une icône du XXème siècle. Pratiquant du Wing Chun et d'autres styles, il développa plus tard sa propre philosophie qui évolua en Jeet Kune Do.
  • Jackie Chan (1954), pratiquant et acteur de Hong Kong, réputé pour ses comédies physiques dans les performances martiales et représentant la boxe de l'homme ivre.
  • Jet Li (1963), champion chinois du sport Wushu et acteur.

L'organisation du wushu en Chine au XXe siècle

Article principal : Wushu (sport) .

Après la proclamation de la République de Chine en 1912 par Sun Yat-sen (Sun Zhongshan en mandarin), le pays s'ouvre à l'influence occidentale dans des domaines diverses : scientifiques, techniques mais également sportifs.

Il y a une tentative de repenser les arts martiaux chinois respectant les traditions dans une perspective plus «moderne» : préparations physiques, spécificités des échauffements, hygiène du sportif, conceptions gymniques des mouvements, etc. C'est-à-dire mettre en place les bases d'une «éducation physique» des arts martiaux.

  • 1909 : création de l'«Association Athlétique de la Connaissance Martiale» (Jingwu Tiyu Hui) à Shanghai.
  • 1911 : le Jingwu Tiyu Hui ouvre des écoles dans toute la Chine ainsi qu'à Saigon (Vietnam), à Singapour, en Malaisie, …
  • 1927 : fondation de l'«Institut Central de l'Art National» (Zhong Yang Guo Shu Guan ?????) à Nanjing (Nankin)
  • 1928 : à Nanjing, organisation de la première compétition nationale d'arts martiaux chinois par l'Institut Central de l'Art National. Officialisation du terme Shuaijiao pour nommer la lutte dérivée du jiaoli.
  • 1950 : premières volontés politiques d'unification du wushu dans l'objectif de contribuer à la santé de la population, lors d'une grande réunion de l'ensemble des provinces de la Chine sous l'égide du Parti Communiste Chinois.
  • 1953 : création du premier festival officiel de Gong fu Wushu de la République Populaire de Chine.
  • 1954 : premiers cours de wushu à l'Université des Sports de Nankin.
  • 1956 : la «Commission Nationale d'Education Physique» (Guojia Ti Wei) réalise une synthése de plusieurs boxes du nord de la Chine pour créer une boxe plus «sportive». Cette boxe fut nommée Chang quan (long poing ou boxe longue). Ce Chang quan moderne se voulait une synthèse officielle de plusieurs boxes musulmanes : Cha quan, Hua quan, Pao quan et Hong quan, toutes choisies pour leurs qualités gymniques (tonicité, étirement) et chorégraphiques.

Création officielle de la section wushu au Centre National des Sports de Pékin (équivalent de notre Fédération) et de douze ligues dans les provinces. Politique de développement du wushu par la mise en place de démonstrations avec classement selon le niveau de pratique.

  • 1957 : mise en place de compétitions avec des règles établies, d'où émergent les premiers champions reconnus. À cette occasion, est édité le premier règlement : «Jing Saï Tao Lu » sur le Chang quan, le Nan quan et le Taiji quan.

Parallèlement, un deuxième livre est publié pour promouvoir ces disciplines, pour encourager la jeunesse à développer «un esprit sain dans un corps sain». Ce livre décrit les pratiques de compétition à mains nues et avec armes, suivant les niveaux.

  • 1968 : pendant «la révolution culturelle» les écoles de wushu sont fermées, les professeurs sont accusés de propager un art féodal et envoyés en rééducation, de nombreuses archives sont détruites.
  • 1972 : après les excès et destructions de la révolution culturelle, est décidé un grand recensement national des styles, écoles et professeurs de wushu par les Instituts des Sports de Province. À peu près 200 styles sont recensés et de nombreux autres inclassables ou incomplets ne sont pas répertoriés. Des documents cinématographiques, rédigés, photos sont recueillis et donnent lieu à des expositions itinérantes. Ces archives «dorment» dans les bibliothèques des Instituts des Sports et demanderaient à être utilisées.

À l'instauration des compétitions, le Centre National des Sports a dû trouver des règles communes à la grande variété des styles pratiqués en Chine. L'ensemble des styles respectant les traditions du nord ont été regroupés sous le terme de «Chang quan» et tous ceux du sud, sous le terme de «Nan quan». Chacune de ces deux disciplines a repris les critères communs et les particularités pertinentes des styles anciens concernés, pour en montrer la quintessence.

  • 1990 : pour des raisons idéologiques ou démonstratives (?) les styles modernes Chang quan et Nan quan perdent leurs caractères martiaux et dérivent vers des pratiques gymniques et acrobatiques. Le même changement apparaît dans les styles d'imitations animalières, les styles de Shaolin ou les styles internes de compétition. La fracture entre styles respectant les traditions et styles modernes semble actuellement totalement institutionnalisée par la création en Chine d'une Fédération Chinoise des Arts Martiaux Respectant les traditions.

Le wushu est actuellement une discipline sportive avec une fédération mondiale (IWUF), des fédérations continentales et des fédérations nationales (FFW. æmc : Fédération Française de Wushu et Arts Énergétiques et Martiaux Chinois) toutes reconnues par le comité mondial olympique (CIO). Les championnats du monde ont lieu l'ensemble des deux ans. Trois compétitions ont lieu durant les championnats internationaux : compétition de San Da, compétition de taolu (enchaînements) et compétition de taiji quan. Le premier championnat du monde de wushu a eu lieu à Pékin en 1991.

  1. «Zhongguo wushu shiyong daquan», Pékin, 1990, p. 2.
  2. Titre original : «Zhonghua xin wushu».

  • Dictionnaire des Arts Martiaux Chinois ; par T. Dufresne et J. Nguyén ; aux édition BUDOSTORE ; 1994
  • De Shaolin à Wudang ; par José Carmona ; aux éditions Guy Trédaniel ; 1999
  • Le grand livre du Kung fu Wushu ; par Roger Itier ; aux éditions De Vecchi ; 2006

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