Dynastie Ming

La dynastie Ming, est une lignée d'empereurs qui a régné sur la Chine de 1368, date à laquelle elle remplace la dynastie Yuan, à 1644 lorsqu'elle se voit supplanter par les Qing.



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1949 République populaire
  République de Chine (Taïwan)

La dynastie Ming (??[1], en pinyin : míng cháo), est une lignée d'empereurs qui a régné sur la Chine de 1368, date à laquelle elle remplace la dynastie Yuan, à 1644 lorsqu'elle se voit supplanter par les Qing. Par métonymie, le terme sert à désigner aussi la durée du règne de celle-ci. Fondée par la famille des Zhu, elle compte seize empereurs.

Au milieu du XIVe siècle, après plus d'un siècle de domination mongole sous les Yuan, la population chinoise rejète le «règne des étrangers». Une suite de révoltes paysannes repousse la dynastie Yuan dans les steppes de Mongolie et établit la dynastie Ming en 1368. Elle s'ouvre par une renaissance culturelle : les arts, en particulier l'industrie de la porcelaine, se développent comme jamais jusque là. Les marchands chinois explorent et commercent dans tout l'océan Indien, atteignant l'Afrique lors des voyages de Zheng He ; on construit une grande flotte comprenant des navires à quatre mâts de tonnage supérieur à 1 500 tonnes. L'armée régulière compte un million d'hommes ; plus de Modèle :100000 de fer sont produites par an, en Chine du Nord, et de nombreux livres sont imprimés avec caractères mobiles découverts au XIe siècle. Il a été dit que la Chine du début de l'ère Ming était le pays le plus avancé de la Terre.

À partir du milieu du XIVe siècle, de nombreuses catastrophes naturelles suivies de rébellions paysannes, la guerre civile contre la domination mongole, et la conversion des gouvernants à un mode de vie chinois avaient affaibli la dynastie Yuan et finalement bouté les Mongols hors de Chine, vers ce qui est aujourd'hui la Mongolie. Le chef de file de cette rébellion était Zhu Yuanzhang.

Orphelin dès son adolescence, Zhu Yuanzhang (???), futur empereur Hongwu (??), entra dans un monastère bouddhiste pour éviter la famine, et rejoignit en 1352 l'armée de Guo Zixiang, l'un des chefs des Turbans rouges, un grand mouvement de rébellion dont certains meneurs étaient membres du Lotus blanc. Plus tard, tandis qu'il était devenu un chef rebelle déterminé, il fit la connaissance d'un érudit confucéen qui lui enseigna les affaires d'État. Il se redéfinit alors comme un défenseur du confucianisme et des conventions néo-confucéennes, et plus comme un simple rebelle populaire. Malgré ses humbles origines, il devint la figure de proue du mouvement patriotique Han contre la dynastie vieillissante des Yuan. Une fois ses rivaux battus, il s'autoproclama empereur le 23 janvier 1368, établissant sa capitale à Nanjing qu'il avait appelée Yingtianfu (???), et adoptant Hongwu comme nom de règne. La tradition populaire prétend qu'il aurait choisi le nom de sa dynastie Ming, «lumière», pour continuer de bénéficier du soutien populaire accordé par les masses au «Roi de lumière» attendu en sauveur par les mouvements religieux d'inspiration manichéenne soutenant la rébellion. Il devint ainsi à plus de 1 000 ans d'intervalle le deuxième fondateur dynastique à venir de la classe paysanne, le premier étant l'empereur Gao Zu de la dynastie Han, plus d'un millénaire jusque là.

Dans la mesure où les envahisseurs mongols, même repoussés, restaient un danger particulièrement présent, Hongwu n'adopta pas la position classique confucéenne qui considérait les militaires comme une classe inférieure aux bureaucrates qui devaient les contrôler. Maintenir une armée forte était tout simplement indispensable tant que les Mongols restaient une menace. Le nom «Hongwu» veut dire d'ailleurs «vaste armée» et reflète bien le prestige agrandi des militaires.

Par contre, il partageait pleinement l'aversion confucéenne pour le commerce et encouragea l'établissement de communautés agricoles indépendantes. La gestion féodalisée des terres qui avait repris cours sous les dynasties Song et les Yuan fut supprimée dès l'établissement de la nouvelle dynastie. Les grands domaines fonciers furent confisqués par le gouvernement, morcelés et loués ; l'esclavage privé fut interdit. Donc, après la mort de l'empereur Yongle (Yung-lo), les petits paysans propriétaires et indépendants formaient la part majeure de la population agricole.

Statue de l'empereur Yongle, 3e de la dynastie Ming

Sous le règne de Hongwu, les bureaucrates mongols et issus d'ethnies non-Han, qui avaient dominé le gouvernement durant près d'un siècle, sont remplacés par des Chinois. On restaure et renouvèle le dispositif respectant les traditions des examens, qui sélectionnait les fonctionnaires selon leur mérite et leurs connaissances en littérature et en philosophie. Les candidats pour des postes de fonctionnaire civil ou d'officier militaire devaient passer le concours respectant les traditions de connaissance des classiques chinois. L'élite confucéenne, marginalisée sous le règne des Mongols, reprit son rôle prédominant au sein de l'État.

Hongwu réussit à renforcer son contrôle sur l'ensemble des aspects du gouvernement pour que personne ne puisse posséder assez de pouvoir pour le détrôner. Pour parer aux menaces extérieures, il tenta de perfectionner les défenses des frontières nord du pays. À l'intérieur, il concentra de plus en plus le pouvoir entre ses propres mains. Il abolit le Secrétariat Impérial, qui était l'administration principale sous les dynasties précédentes, après avoir étouffé un complot dont il accusait son premier ministre. Très longtemps jusque là, quand le statut d'empereur était devenu héréditaire, le poste de premier ministre avait été instauré dans l'objectif de garantir un niveau de continuité et de compétence dans le gouvernement au cas où des empereurs incompétents se succèderaient. Mais Hongwu, recherchant une autorité absolue, abolit ce poste et supprima ainsi l'unique protection contre l'incompétence d'un empereur. Son petit-fils Jianwen lui succéda, mais le trône fut vite usurpé par son oncle Zhu Di, fils de Hongwu, qui régna alors sous le nom d'empereur Yongle (Yung-lo) de 1402 à 1424.

Ayant pris note du rôle néfaste qu'avaient joué les eunuques à la cour des Song, Yongle prend de nombreuses mesures contre eux : il réduit largement leur nombre, leur interdit de posséder des documents, insiste pour qu'ils restent illettrés et élimine ceux qui s'immiscent dans les affaires de l'État. Son aversion est symbolisée par une plaque dans son palais déclarant : «Les eunuques ne doivent rien avoir à faire avec l'administration.» Dès le règne de son successeur, ils recommencèrent cependant à regagner une certaine influence.

Le pouvoir devint ainsi de plus en plus autocratique, quoique Hongwu fût obligé de continuer à utiliser ceux qu'il appelait les «Grands Secrétaires» pour l'aider dans l'immense paperasserie de la bureaucratie, qui comprenait demandes (pétitions et recommandations pour le trône), édits impériaux en réponse, rapports de diverses sortes, et archives fiscales.

L'administration connait une période de réformes dans les années 1450-1550. Pendant les règnes de Chenghua et de Hongzhi, il y a une volonté d'institutionaliser les pratiques administratives, comme la notation des fonctionnaires, les procédures encadrant la soumission des mémoires au trône, la fonction des censeurs (chargés de surveiller le travail de leurs collègues). La justice est elle même codifiée ; les institutions comme l'audience impériale, les séances d'explication des Classiques à l'empereur, les principes de la fiscalité le sont aussi dans la seconde moitié du XVe siècle. Le droit administratif est réunit dans le Da Ming Huidian (Recueil de règlements administratifs), édité pour la première fois en 1503. L'appareil militaire cède le pas à une bureaucratie civile : la nomination au mérite disparait au profit du dispositif des concours, et les jinshi (docteurs) dominent l'administration à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. L'administration des provinces connait aussi la montée en puissance des fonctionnaires civils avec les xunfu (gouverneurs) et zongdu (gouverneur général) dont la fonction temporaire au départ s'institutionnalise. Le rôle des «Grands Secrétaires» dans le gouvernement devient prépondérant à partir des années 1520 jusqu'à la fin du XVIe siècle. Le développement des factions à partir du règne de Jiajing entraîne aussi la rotation plus rapide des hautes charges administratives[2].

L'éducation est elle aussi lentement transformée : le Collège impérial décline (surtout à cause de la vénalité des titres d'étudiants à partir du milieu du XVe siècle), mais aussi la qualité des écoles publiques locales, au profit des académies privées (shuyuan) qui se développent au XVIe siècle ainsi qu'aux précepteur privés

L'empire au temps de Yongle

Au recensement de 1393, sous le commandement de cinq maréchaux et de dix-sept commandants de régions, 329 garnisons d'environ 6 000 hommes campent dans l'Empire. Les effectifs comprennent 2 747 officiers, 206 280 soldats et 4 751 chevaux dans la capitale et 12 742 officiers, 992 154 soldats et 40 329 chevaux dans le reste du pays.

Pour s'assurer un effectif stable des armées, l'empereur Hongwu décrète que la fonction de soldat serait héréditaire. Chacun reçoit un lopin de terre pour subvenir à ses besoins, qu'il travaille pendant 70 % se son temps, le reste étant conçu pour l'entrainement en garnison. Ce dispositif sert à mettre en culture des terres vierge, mais montre ses limites dès le XVe siècle ; les soldats vendent leurs champ, migrent, se livrent à des activités civiles. l'État doit faire appel vers 1450-1550 de plus en plus à des miliciens, puis à des mercenaires. Le service dans la milice locale (minbing, troupes civiles) devient obligatoire à partir de 1494 au titre de la corvée. Mais les miliciens font rapidement défaut, et le service est légèrement partout remplacé par le paiement d'un impôt. Les mercenaires, mieux payés, forment les troupes d'élite, comme les moines-soldats de Shaolin.

Les débuts de l'ère Ming sous le règne du premier empereur sont caractérisés par une croissance rapide et remarquable de la population, beaucoup due aux réformes agricoles impulsées par Hongwu ainsi qu'à l'augmentation des ressources alimentaires. À la fin de la dynastie, la population avait certainement augmenté de plus de moitié grâce à le perfectionnement importante des techniques agricoles soutenue par un État agraire issu d'une rébellion paysanne pro-confucéenne.

Pour tirer le plus grand profit envisageable des ressources économiques et humaines de son empire, Hongwu a fait recenser la population et établir le cadastre de chaque commune, ce qui n'avait pas été fait depuis six siècles.

Les registres recensèrent 8 057 623 hectares de terres irriguées dans la totalité du pays. L'État récupère au titre de l'impôt 4 700 000 hectolitres de blé et 24 700 000 hectolitres de riz, soit 50 % qui plus est qu'avant la mise en place des cadastres.

Pour recenser la population, on la divise selon le dispositif des li et des jia. Un li regroupe cent familles, à la tête desquelles on appelle les dix plus riches propriétaires terriens, chacun exerçant son contrôle sur dix familles, qui forment le jia. Ils ont la responsabilité administrative et répartissent le montant des taxes entre chaque famille. Chaque année, un groupe de dix familles est assujetti à la corvée due à l'État, participant gratuitement aux travaux d'intérêt général. Les fonctionnaires locaux remettent les registres à jour l'ensemble des dix ans. La quasi-totalité de la population est assignée à résidence et doit posséder un laisser-passer spécial pour s'éloigner à plus de 50 km de son domicile. Lors du recensement, chaque sujet, mis à part les fonctionnaires et les religieux doit s'enregistrer dans l'une des quatre catégories suivantes : agriculteurs, intellectuels, artisans et commerçants et doit régulièrement rendre compte de ses activités à l'administration.

En 1393, on recense 16 520 680 familles, soit une population totale de 60 540 812 personnes [3]

Les empereurs Ming ont pris au sérieux la menace mongole. Yongle a lancé plusieurs campagnes contre eux, et déplacé la capitale de Nankin à Pékin en 1421 pour mieux les contenir. Après la défaite chinoise de Tumu contre les Oïrats en 1449, l'empire se replie sur lui même mais profite des divisions entre les Mongols. A la fin du XVe siècle les Mongols lancent des raids annuels sur la frontière. Pékin, protégé par les forteresses de Xuanfu et de Datong, est constamment menacée. Avec la réunification des Mongols orientaux par Dayan Khan, vers 1500 la menace se fait plus précise.

La cour des Ming est partagée entre deux stratégies : les partisans d'une politique offensive veulent organiser des expéditions militaires pour récupérer surtout la boucle des Ordos ; d'autres souhaitent le renforcement de la Grande Muraille et le doublement du rempart, ce qui est fait dans les années 1570. Les derniers préconisent aussi l'envoi d'ambassades et l'ouverture de marchés frontaliers périodiques pour commercer avec les Mongols. Le débat reprend après la reprise des raids des Mongols orientaux menés par Altan Khan, surtout 1529, 1530 et 1542. En 1550 il pille et incendie les faubourgs de Pékin. En 1553, on décide de renforcer les murailles entourant Pékin, mais les raids d'Altan durent jusqu'aux accords de paix et de commerce en 1570[4].

De l'exploration des Ming à l'isolement

Diagramme de navigation de Zheng He entre Ormuz et Calicut, 1430

La xénophobie et l'introspection intellectuelle caractéristique de la nouvelle école néo-confucianiste, de plus en plus populaire sous les Ming, ne mena pas à une isolation physique de la Chine. Les contacts avec le monde extérieur, surtout avec le Japon, et le commerce extérieur augmentèrent énormément. Yongle tenta d'étendre l'influence de la Chine au-delà de ses frontières en encourageant les autres dirigeants à envoyer les ambassadeurs en Chine pour y payer un tribut. Les armées chinoises reconquirent Annam et bloquèrent l'expansionisme mongol, alors que la flotte chinoise naviguait dans les mers de Chine et dans l'océan Indien, allant jusqu'à la côte est de l'Afrique. Les Chinois eurent une certaine influence sur le Turkestan. Les nations maritimes asiatiques envoyèrent des envoyés avec un tribut pour l'empereur chinois. Intérieurement, le Grand Canal fut étendu jusque dans ses limites les plus reculées et stimula le commerce intérieur.

Cependant la plus extraordinaire aventure de cette époque fut l'aventure des sept expéditions de Zheng He, qui traversa l'océan Indien et l'archipel d'Asie du Sud. Eunuque musulman ambitieux, descendant des Mongols, aussi étranger que envisageable à l'élite confucéenne des mandarins, Zheng He conduisit sept expéditions maritimes de 1405 à 1433, six d'entre elles sous les auspices de Yongle. Ces expéditions explorèrent les mers du sud, à travers l'océan Indien et passèrent peut-être le cap de Bonne-Espérance, et selon l'hypothèse de 1421, les Amériques. Sa convocation en 1403 pour diriger une force de troupes dans les mers lointaines fut un triomphe pour les groupes commerciaux cherchant à stimuler le commerce respectant les traditions et non le mercantilisme.

Les intérêts des lobbies commerciaux et religieux étaient liés. Les offensives de l'élite intellectuelle néo-confucéenne et des lobbies religieux encourageaient au commerce ainsi qu'à l'exploration pour détourner les fonds de l'État de la lutte anti-cléricale des érudits confucéens. La première expédition en 1405 était constituée de 62 navires et 28 000 hommes, c'était alors la plus grande expédition maritime de l'histoire de la Chine. Les navires à plusieurs ponts de Zheng He transportaient plus de 500 hommes mais également des cargaisons de produits d'exportation, essentiellement de la soie et des porcelaines, et ils ramenèrent des objets de luxe étrangers comme les épices et des bois tropicaux.

Le motif économique de ces grandes entreprises avait dû être important et plusieurs de ces navires possédaient de grandes cabines privées pour les marchands mais l'objectif principal était sûrement politique. En effet, la Chine voulait les tributs des autres États pour marquer la renaissance de l'Empire du Milieu après un siècle de domination barbare. Le caractère politique des voyages de Cheng-Ho indiquait la prééminence des élites politiques. Malgré leurs puissances formidables et sans qui ont précédé, les expéditions de Zheng He, contrairement aux expéditions européennes du XVe siècle, n'étaient pas conçues pour étendre la souveraineté de la Chine au-delà des mers. Preuve de la compétition entre les élites, ces excursions sont aussi devenues critiquées politiquement. Les voyages de Zheng He sont soutenus par les autres eunuques mais violemment critiqués par les fonctionnaires confucéens. Leur aversion était si forte qu'ils essayèrent de supprimer toute mention de ses voyages dans les rapports impériaux officiels. Les raids mongols faisaient pencher la balance en faveur des fonctionnaires.

À la fin du XVe siècle, des lois interdirent aux Chinois de construire des navires maritimes ou de quitter le pays. Les historiens sont désormais d'accord pour dire que cette mesure fut prise pour contrer la piraterie. De toute façon, ces restrictions sur l'émigration et la construction navale furent en grande partie levées au milieu du XVIIe siècle.

Les historiens des années 1960 comme John Fairbank et Joseph Levinson pensent que cette rénovation déboucha sur une stagnation et que sciences et philosophie étaient prisonnières des traditions, étouffant toute nouvelle tentative. Ces historiens s'appuient sur le fait qu'au XVe siècle, les décrets impériaux réduisirent la superbe flotte, interdirent la construction de bateaux pouvant aller en mer et sur le constat d'une industrie de l'acier déclinante.

Le déclin des Ming, la révolution commerciale avortée

Carte de l'Empire de la dynastie Ming en 1580, dans son déclin
Tombeau des Ming.

La combinaison de longues guerres avec les Mongols, des incursions japonaises en Corée, des provocations de la flotte japonaise sur les cités côtières durant le XVIIe siècle affaiblirent la dynastie, qui est renversée par la dynastie Qing.

Les historiens s'interrogent sur les raisons de la progression plus lente du capitalisme et de l'industrialisation en Chine comparé à l'Europe. En effet, à la fin de l'ère Ming, les conditions de développement du «capitalisme naissant» de la Chine, s'apparentaient fortement à celles de l'Ouest .

Des historiens économistes récents tels que Kenneth Pomeranz estiment que les conditions économiques et technologiques étaient équivalentes jusqu'aux années 1750, mais que la divergence s'explique surtout par des conditions d'accès aux ressources naturelles différentes.

Le cœur du débat reste néanmoins dans les contrastes des dispositifs économiques et politiques de l'Est et de l'Ouest . Si on admet que les transformations économiques sont à l'origine de changements sociaux, ce qui a aussi des conséquences politiques, on comprend mieux pourquoi le développement du capitalisme, un dispositif économique qui fait travailler le capital en vue de produire plus de capital, a été une force d'entraînement pour l'Europe moderne.

On peut distinguer plusieurs étapes dans l'histoire du capitalisme occidental. Le capitalisme commercial est la première étape et est associé à des phénomènes historiques qu'on retrouve durant la période Ming : les découvertes géographiques et la colonisation, l'innovation scientifique et le développement du commerce maritime intercontinental. Mais en Europe, les gouvernements protègent la classe bourgeoise naissante, en majorité composée de marchands, via un contrôle étatique, des subventions et des accords de monopole, tels que ceux accordés à la British East India Company. Les gouvernements absolutistes de cette période voient tout le profit du développement de la bourgeoisie marchande pour enrichir l'État.

Le ralentissement de ce développement est d'autant plus étonnant si on considère l'existence durant le dernier siècle de la dynastie Ming d'une véritable économie monétaire couplée à l'émergence de grandes entreprises industrielles et commerciales, publiques et privées, telles que les grands centres textiles du sud-ouest . Cette question est au cœur des débats concernant le relatif déclin de la Chine en comparaison avec l'Occident moderne, au moins jusqu'à la venue du maoïsme.

Dans les années 1970, les historiens marxistes chinois identifient l'ère Ming comme celle d'un capitalisme naissant, timide, ce qui n'explique pas pour tout autant la régression du commerce et l'emprise exercée par la régulation étatique sur le commerce pendant cette période. Ces historiens considèrent que le coup d'arrêt a été porté par la conquête mandchoue et l'expansion de l'impérialisme européen, surtout à la suite des guerres de l'opium.

L'école post-moderne sur la Chine considère cette théorie comme simpliste sinon erronée. Ces historiens, parmi lesquels on trouve Jonathan Spence, Kenneth Pomeranz, et Joanna Waley-Cohen nient le fait que la Chine se soit repliée sur elle-même à cette période en mettant en évidence l'augmentation du volume des échanges entre la Chine et l'Asie du Sud-Est. L'interdiction de la navigation en haute mer, qui avait pour objet de limiter la piraterie, a été décidée au milieu de l'ère à la demande pressante de l'administration qui soulignait son effet néfaste sur le commerce côtier. Quand les Portugais débarquèrent en Inde, ils y trouvèrent un réseau commercial en expansion qu'ils suivirent jusqu'en Chine. Par la suite, au XVIe siècle, les Européens font leur apparition sur les rivages orientaux et créent le premier comptoir commercial européen en Chine, Macao.

D'autres historiens lient le plus souvent le développement prématuré du mercantilisme et de l'industrialisation sur le modèle occidental au déclin de la dynastie de Ming.

Le rôle de l'État dans le freinage du commerce est le thème sur lequel se focalise la majeure partie du débat. Durant les premières années de la dynastie Ming, Hongwu est plus intéressé par les revenus que l'État peut tirer de l'agriculture que du commerce. Peu au fait des processus économiques, et poussé par la bourgeoisie adepte de Confucius, Hongwu accepte le point de vue confucéen selon lequel les marchands sont seulement des parasites. Le confucianisme défend l'idée selon laquelle la richesse doit être tirée de l'agriculture et non du commerce qui est une ignominie. Ce point de vue a pu être d'autant plus aisément accepté par Hongwu du fait de ses origines paysannes. Donc, durant l'ère Ming, l'accent est mis sur la terre. Au contraire, la dynastie Song qui avait précédé les Mongols, tirait ses revenus des marchands et du commerce. Les lois régissant le négoce et les restrictions sur le travail des artisans restent principalement les mêmes que sous la période Song, mais les négociants étrangers issus de la période mongole doivent désormais également respecter ces lois, et leur influence diminue rapidement.

La fin de l'époque Ming a connu l'émergence d'une économie monétaire fondée sur l'argent, grâce, en grande partie au commerce avec le Nouveau Monde via l'Espagne et le Portugal. Le flux d'argent en provenance du Nouveau Monde servait à payer les exportations chinoises de thé, de soie et de céramique, les hommes d'affaires chinois ayant trouvé un moyen de produire une porcelaine meilleur marché pour satisfaire les marchés européens. Cependant, on peut difficilement parler de capitalisme émergent tant le poids du politique sur l'économie est important. En Europe, le capitalisme est soutenu par l'État qui voit dans la bourgeoisie qui en est issue, une nouvelle base d'imposition. La Chine n'a pas développé le dispositif au même niveau.

Le règne de Hongwu vit néanmoins apparaître le papier-monnaie. Mais sa méconnaissance du phénomène inflationniste le força, en 1425, à réintroduire des pièces de monnaie en cuivre, la valeur des billets ayant été divisée par soixante-dix.

Le contrôle et non le soutien de l'État sur l'économie, mais aussi sur la totalité de la société fut l'une des caractéristiques de l'ère Ming. La concentration exacerbée des pouvoirs entre les mains d'empereurs de moins en moins compétents est une piste d'explication avancée par les historiens occidentaux.

Tout d'abord, Hongwu conserva le «Grand Secrétariat» pour l'assister dans l'immense travail administratif. Cependant, Hongwu concentra de plus en plus les pouvoirs et en 1380, abolit le secrétariat impérial qui avait été le principal corps administratif central pendant les dynasties précédentes. Le rôle de premier ministre, créé dans l'objectif de garantir un niveau de continuité et de compétence dans le gouvernement tandis que des empereurs incompétents pouvaient se succéder, fut abolit par Hongwu, recherchant une autorité absolue.

Bien que particulièrement compétent comme administrateur, Yongle fit une série de choix politiques désastreux. En premier lieu, tandis que Hongwu avait maintenu quelques pratiques mongoles telles que la punition corporelle, au grand dam des élites confucianistes qui souhaitaient le voir gouverner par la vertu, Yongle dépassa ces limites. Il se livra à l'assassinat des familles de ses opposants, et fit exécuter arbitrairement des milliers de personnes. D'autre part, malgré l'aversion de Hongwu pour les eunuques, ses successeurs firent revivre leur rôle informel dans le gouvernement. Hongwu, en effet, à la différence de ses successeurs, avait relevé le rôle destructif des eunuques de cour sous les Song. Enfin, le cabinet ou «grand secrétariat» de Yongle devint une sorte d'instrument rigide de consolidation du pouvoir ce qui en fit un instrument de déclin.

Si Hongwu lui-même est le plus souvent reconnu comme un empereur fort à l'origine d'une puissance et d'une efficacité impériales qui ont duré longtemps après son règne, la centralisation de l'autorité qu'il avait engagée fit des ravages sous le règne d'empereurs moins compétents.

  1. Ming s'écrit en chinois avec le caractère «lumière, clarté».
  2. Histoire du Monde, collectif sous la direction de George Jehel, édition du temps p. 322
  3. L'Empereur des Ming, Wu Han, Picquier poche, 1991, p. 150
  4. Histoire du Monde, collectif sous la direction de George Jehel, édition du temps p. 319

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