Tao

Le tao ou dao est un terme de philosophie chinoise en coréen).



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? Tao/Dao, la voie

Le tao ou dao est un terme de philosophie chinoise (en chinois ?, dao signifiant : «la voie», «le chemin» ; prononcé en japonais et "do" (?) en coréen).

Le tao est la force principale qui coule en toutes choses dans l'univers, vivantes ou inertes. C'est l'essence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par le tàijítú, symbole représentant l'unité au-delà du dualisme yin-yang soit respectivement l'entropie positive et négative.

Le tao peut être reconnu comme la matrice préalable au sein de l'univers au passage du qi ou souffle originel, précédant la parité binaire du yin-yang. Il est au cœur des conceptions éthiques chinoises (le mot "daode", morale, en est issu), le plus souvent reconnues comme une pragmatique du juste milieu, ou du choix propice.

Le tao est la notion maîtresse à l'œuvre dans le taoïsme, philosophie et voie spirituelle chinoise, le confucianisme y fait référence aussi (on utilise quelquefois abusivement le terme Tao pour dénommer le livre de Lao Zi, le Dao De Jing ou "classique du Dao"). Il est fréquemment traduit par «le principe». Par extension, la plupart de pratiques et d'arts ou artisanats orientaux ont comme suffixe le mot "dao", "l'art de" : "cha dao", l'art du thé, "kongshoudao" ou "karaté-do", "l'art de la main vide" et ainsi de suite.

Les arts martiaux chinois sont un moyen pour parvenir à cette unité entre les deux principes et avancer sur le tao. Par métonymie un tao est un enchaînement de mouvements, le chemin menant à la maîtrise de l'art et par conséquent vers l'unité. En chinois, on nomme aussi lu ce type d'exercice (voir aussi le mot japonais kata).

Le terme tao peut aussi désigner la voie des mercenaires ou voie du guerrier, le wushutao, plus connu sous son nom japonais en Occident, bushido.

Au Japon, sur le même principe d'origine, c'est aussi la «voie» à suivre pour maîtriser un art qui mène vers l'unité. Le même idéogramme, le kanji (), est le plus souvent utilisé en suffixe dans les nom d'arts martiaux japonais : karatedō, aikidō, kendō, jūdō, budō, iaidō, kyūdō, etc., mais également le kadō «voie des fleurs», autre nom de l'ikebana, l'art de l'arrangement floral nippon, ou le shodō «voie de l'écriture», la calligraphie japonaise.

Lao tseu disait : "Le Tao qu'on peut nommer n'est pas le Tao". Le taoïsme est avec le confucianisme la forme de pensée la plus originale en Chine et dans certains pays d'Asie. Les concepts qui y sont reliés ont joué un rôle central dans le développement des sciences chinoises. Il met en évidence un choix de pensée non-discursif et non-analytique qui peut paraître obscur aux modes de pensées occidentaux plus cartésiens : précisément à l'opposé du point analytique parfait proposé par Bergson, qui conférerait au langage un angle objectif sur le réel.

Le mot

Sens courant et Livre des odes

Le tàijítú : symbole du yin-yang

? Dào est un mot de langue courante. Il veut dire «route, voie, chemin...» tout autant que «dire, expliquer, ordre, règle, doctrine...». Ces deux sens se retrouvent déjà dans le shījīng (ou Livre des odes) [1] «le classiques des vers» (-1000-500). Ce livre connu le plus ancien a bien résisté aux copistes car ce ne sont que des poèmes. C'est à dire, si dès cette époque, le nom «voie» et le verbe «expliquer» correspondent au même caractère[1], il faut accepter les deux sens, en même temps, sans en choisir un dont se déduirait l'autre. Un matérialisme pourrait dire que le nom chemin devient doctrine par métaphore, un idéalisme pourrait rappeler qu'à cette époque une route est un acte civilisateur, c'est sans doute intéressant pour enrichir le sens, pourvu qu'une direction ne prime pas sur l'autre.

Le particulièrement attentif Marcel Granet a repéré un usage légèrement spécifique dans le poème 245, ??, Sheng Min. Hòujì ??[2], de jì «millet» est un enfant de naissance merveilleuse, qui résista à l'ensemble des périls où il fut exposé[3]. Au paragraphe 5, le vers 1 donne du mal aux traducteurs, on y trouve la caractère ? Dào, dans une phrase disant environ : sait «aider la nature» à pousser.

Étymologie

Pour approfondir un concept chinois, il est indispensable d'en passer par l'analyse du caractère. Avec les récentes découvertes archéologiques, il est envisageable de tracer des généalogies plus sûres, d'éviter d'interpréter ce qui n'est par exemple, qu'une clé phonétique. Chaque époque est reconnaissable à un style graphique, en particulier dû à une technique d'écriture. Pour la recherche de sens, on simplifiera les périodes ainsi[2] :


Le caractère ? dào est retrouvé sur des vases en bronze, ce qui suppose un sens religieux avant qu'il ne soit employé par les penseurs des cent écoles (-500-220, Royaumes combattants). Il n'en a pas encore été découvert de versions dans l'écriture oraculaire sur os, ce qui permet au moins de dire, que le tao n'est pas connu de toute éternité, et qu'il est attaché au sens religieux de ces vases.

Selon l'écriture actuelle, le caractère assemble deux clés, une sorte de pied, ? chuò, qui supporte comme un joyau orné, ? shǒu. Les formes plus anciennes sont bien plus variables, elles ne contredisent pas cette simplification, elles aident même à la préciser.


? chuò «mouvement», est une clé qui n'apparaît que particulièrement rarement seule. Elle se combine dans d'autres caractères, où elle apporte le sens à la fois de départ et d'arrêt. On se l'imagine dans zhú ? «poursuivre, chasser». On y retrouve shǐ ?, traduit désormais par «porc», mais dont le dessin sur os est un animal à quatre pattes. La chasse, des courses, des affûts, un mouvement concret, qui n'est pas le contraire du repos. Ce qui s'écrit désormais ?, chuò, unifié par le mouvement du pinceau et la typographie actuelle, a été un assemblage de : «le pas», chì, ?, et «l'arrêt», zhǐ, ?. Les deux pieds symétriques paraissent particulièrement clairement dans de nombreuses versions anciennes du caractère dào. Le mouvement du Tao est déjà une alternance, une marche.


? Shǒu, veut dire «tête, chef». Dans les inscriptions oraculaires, le caractère est comparable à une tête de singe, avec l'œil et les cheveux marqués. Sur les vases de bronze, il reste en particulier des cheveux sur un œil, ?, . Dans le shījīng, le caractère veut dire surtout tête, avec un occurrence traduisible par chef de clan, mais les mots pour rois ou empereurs sont différents. Des lectures chamaniques insistent sur cette tête de singe, ce n'est pas impossible, mais c'est toujours hasardeux sans plus d'indices.


Une tête, des pieds, l'image semble bien organiser la distinction précédente : le «chemin» ou ce que tracent les pieds conduits par une tête, «dire, expliquer» : les pas qui mènent à une idée. Cependant, des significations ne sont pas rassemblées, le vase de bronze, la tête de singe, le dieu de la végétation. Un dernier peut apparemment compliquer. Dans les arts martiaux chinois, en kung fu ou plus précisément en Wushu, un tao sert à désigner un enchainement de mouvements à valeur pédagogique, qui définissent un style. Cet usage est intéressant parce qu'il vient du sud de la Chine et de traditions orales indépendantes de la littérature.

Philosophie du Dào

"Sur la Voie [Dào], il n'y a aucune question à poser, aucune réponse à donner. celui qui pose malgré cela des questions, pose des questions spécieuses, et celui qui répond quand même se place hors d'elle. Celui qui se place en dehors pour répondre à des questions spécieuses, celui-là ne verra pas l'univers qui est autour de lui, il ne connaîtra pas la grande Source qui est au dedans. (Tchwang-Tseu)

Sens religieux

Dans Remarques sur le Taoïsme ancien (1925), Marcel Granet donne la clé : le pas de Yu. Cette danse, toujours pratiqué disait-il par les ?? dàoshì «prêtres taoïstes», est autant décrite dans le taoïsme des six dynasties (200400) que pendant les Royaumes combattants (-500-220). Peu importe le pas, cette pratique chamanique a pour but d'amener à l'extase, une sorte de danse de la pluie ayant aussi un pouvoir sur les esprits de la nature, et en particulier des hommes. Au cœur du mythe politique, les héros fondateurs exécutent des danses, les souverains Zhou les imitent pour recevoir leur investiture.

Références

  1. Toujours dans le chinois actuel, la distinction nom et verbe se fait par l'usage, le contexte, des marqueurs, mais elle n'est pas inscrite dans le mot-syllabe.
  2. Au moins cinq siècles après ce vers, l'historien Sima Qian (-145∼-86) attribue le titre de Hòujì «maître des moissons», à Xie ?, le ministre de Yu le Grand qui faisait face au "grand forestier", selon une symétrie champ cultivé et nature sauvage.
  3. Marcel Granet, Le dépôt de l'enfant sur le sol, Rites anciens et ordalies mythiques, 1940 [lire en ligne].

Voir aussi


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"Lao Tseu, le Tao Të King"

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